J’avais eu plusieurs fois l’occasion de dialoguer avec un compagnon qui me paraissait assez sensé et je l’avais toujours entendu mettre l’accent sur la nécessité qui se faisait sentir, pour notre mouvement, de la participation de la femme. Un jour qu’il y avait une conférence au Centro, je lui demandai:
– Et ta compagne, pourquoi n’est-elle pas venue écouter la conférence ?
La réponse me glaça.
– Ma compagne a bien assez à faire pour s’occuper de moi et de mes enfants.

Extrait de «La cuestion femenina en nuestro medios », in Solidaridad Obrera, 1ère partie, 26 septembre 1935. Traduction dans Mary Nash, « Femmes Libres ». Espagne 1936-1939, La pensée sauvage, 1977, pp. 37-40.

Dimanche 2 janvier 2022 à 16h: le Groupe de lectures du Centre International de Recherches sur l’Anarchisme (CIRA) propose une discussion sur Lucía Sánchez Saornil avec Michela Cimbalo, auteure du livre Ho sempre detto noi. Lucía Sánchez Saornil, femminista e anarchica nella Spagna della Guerra Civile, à partir des documents qu’elle a pu consulter au CIRA pour cette recherche.

Lucía Sánchez Saornil est une figure longtemps oubliée du mouvement anarchiste et féministe, et plutôt négligée par l’historiographie: très jeune poète d’avant-garde, militante anarcho-syndicaliste, lesbienne et combattante de l’autodétermination des femmes, fondatrice de Mujeres Libres et enfin organisatrice infatigable de l’exil antifranquiste. «Parmi ses traits de caractère les plus saillants figurent la volonté de ne pas se montrer au grand jour, de ne pas se mettre en avant, de préférer un travail politique silencieux et dans l’ombre, refusant de parvenir individuellement et affirmant la valeur de l’action collective» (de l’introduction au livre).

La rencontre se tiendra en italien avec traduction simultanée en français. Une brochure en français, italien et espagnol, servent de support à la discussion, est disponible sur place et en ligne.