
Les organisations ouvrières ne devraient pas se lancer dans des combats en alimentant une vision partielle des conflits et des luttes existantes qui caractérisent la société de classes. Leurs combats devraient non seulement préparer les travailleurs-travailleuses à remporter une victoire mais aussi, et surtout, à les préparer à la révolution sociale.
Initialement publié sous le titre « Lucha obrera y finalidad revolucionaria» le 2 octobre 2023 dans « Orto – Revista Cultural de ideas Ácratas», #210
Le conflit social est permanent dans la société de classes actuelle. C’est pourquoi toutes les ententes, toutes les conquêtes, toutes les trêves possibles seront toujours éphémères et instables. Elles ne peuvent être garanties que par une confrontation et une résistance constante.
Dans cette lutte des classes entre patrons et classe ouvrière, une alliance durable ne peut être conclue, et ne pourra jamais l’être. Entre les camps adverses, seuls les armistices peuvent suspendre les hostilités pendant un certain temps. Ce n’est par contre qu’une trêve temporaire où les parties reprennent des forces pour mieux redéployer leurs troupes. Toujours dans le seul but de reconquérir ou de défendre de nouvelles et meilleures positions dans la lutte.
Il n’y a qu’une seule issue à cette lutte perpétuelle, une action révolutionnaire qui fera disparaître les causes sociales, politiques, économiques et morales qui renouvellent sans cesse la confrontation que nous reconnaissons en tant qu’anarcho-syndicalistes être entre autres née du principe de l’autorité.
L’action révolutionnaire est la seule possibilité et le seul espoir devant ces ennemis infatigables. Elle commence au moment où une séparation totale est établie entre la situation sociale existante et la conscience individuelle d’une partie importante de la société. Son déclenchement est rendu possible que par la combinaison d’une série de facteurs extrêmement cruciaux.
Premièrement, la révolution consiste en une réponse psychologique d’opposition aux conditions sociales qui se mettent sur le chemin des désirs et des besoins individuels et collectifs. Deuxièmement, elle est une nécessité issue de la volonté et de l’aspiration d’une partie de la société qui s’oppose aux structures autoritaires qui l’empêchent de s’épanouir. Troisièmement, l’emphase est mise sur la dimension idéologique afin que celle-ci prime sur l’intérêt individuel. Et quatrièmement, elle est une réponse à l’effondrement de la morale capitaliste. Cette faillite morale, s’observe lorsque l’économique et le politique deviennent incapables, une fois de plus, de canaliser les espoirs populaires en direction de la notion d’État.
La révolution évoque de fait une réalité plus ou moins violente. Bien qu’elle s’ancre dans la préparation antérieure des forces, cette violence se manifeste dans le présent comme une action qui tente d’arrêter et de neutraliser les forces de l’État. Sa finalité est de permettre la réorganisation de la société sur des fondations et des bases substantiellement différentes.
Par conséquent, les organisations ouvrières ne devraient pas se lancer dans des combats en alimentant une vision partielle des conflits et des luttes existantes qui caractérisent la société de classes. Leurs combats devraient non seulement préparer les travailleurs-travailleuses à remporter une victoire mais aussi, et surtout, à les préparer à la révolution sociale. D’où la nécessité de reconstruire le parti de la révolution. Le mot ‘’parti’’ doit être compris ici comme la portion de la classe ouvrière en faveur de la révolution sociale. Plutôt que de vouloir conquérir le pouvoir, les travailleurs-travailleuses s’attribuent plutôt la tâche ardue de l’abolir.
Comme pour toute organisation dont la finalité est de rompre avec la légalité, elle doit mener ses luttes par l’action directe ouvrière. On évite ainsi que les luttes soient judiciarisées.
L’énergie investie à mener nos luttes sur la base de l’action directe ouvrière est riche d’enseignements. C’est grâce à ses efforts que la classe ouvrière peut faire revivre et alimenter sa propre culture et son esprit d’association. Pour l’anarcho-syndicalisme, les conquêtes et les droits arrachés aux patrons n’ont pas d’importance en eux-mêmes, car leur véritable valeur se trouve uniquement dans le fait qu’ils préparent la classe ouvrière, physiquement, psychologiquement et idéologiquement, à atteindre sa finalité révolutionnaire, c’est-à-dire le communisme libertaire.
En matière de luttes ouvrières, on ne peut s’abstenir de lutter. Si les travailleurs-travailleuses devaient se détourner de la confrontation, les patrons ne tarderaient pas à se saisir de la situation et se dépêcheraient de reprendre le terrain perdu. Si la lutte des classes doit avoir une caractéristique qui la définit, ce ne serait rien d’autre que la présence d’une tension constante entre les deux camps. Une tension qu’il faut toujours considérer afin de saisir l’opportunité de vaincre l’adversaire. Si le conflit est inévitable, la solidarité est une nécessité incontestable car elle représente la seule garantie de succès dans le rang des travailleurs-travailleuses. Dans ce contexte, le degré d’unité, de fermeté, de persévérance, d’intelligence, de qualité et d’héroïsme de la militance en lutte est crucial.
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