Voici un exemple de comment la stratégie d’organisation de la IWW contribue aux luttes sociales sur le milieu de travail.
En tant que syndicat non accrédité et minoritaire, la IWW d’un entrepôt de UPS à Minneapolis ne rêve pas de prendre la place du syndicat Teamsters local, mais plutôt d’organiser les travailleurs à défendre leurs intérêts et à redéfinir l’action syndicale. La IWW a UPS a dans ce sens mené récemment une campagne contre l’envoi des colis d’une entreprise d’armement et de matériel d’entraînement policier en réponse à la brutalité policière à Ferguson. Grâce à leur journal Srew UPS ils ont porté la voie de la campagne auprès de leurs collègues non membres de la IWW qui ont emboîté le pas. Parfois ceux et celles ne voulant pas aller jusqu’à bloquer l’envoi des colis se sont simplement pris en photos avec le mot-clic #HANDSUPDONTSHIP.
Ce genre d’action vaut la peine d’être diffusée et montrée en exemple de moyen d’action concret. Il faut dire que les wobs n’ont rien inventé ici, car le boycottage de marchandises liées à un conflit social ou syndical était chose commune jusqu’à leur interdiction par le Wagner Act qui a refondé les relations industrielles nord-américaines à son époque. Le renouvellement de cette stratégie a de quoi réjouir les militants syndicaux parfois à la recherche de nouvelles idées pour mener leurs luttes et permettra à la IWW de faire connaitre ses modes d’action.
The IWW has always refused to restrict itself to issues of wages and conditions, and has encouraged workers to fight against exploitation and oppression both on the shop floor and off it. Unlike other unions and workers’ organizations which see things such as police brutality as “outside issues,” the IWW has a long history of fighting against the ways that workers are forced to uphold systems of oppression. “The rules say you have to do what you’re told at work. Doesn’t matter what you’re shipping, what horrible things are being done with them, UPS doesn’t care, so you don’t care,” said J.B., another IWW worker, “luckily, breaking the rules is what the IWW does best.”
Fiction ou documentaire ? La réalisatrice, Mila Turajlic, part à la recherche d’un cinéma disparu. Le projectionniste personnel de Tito, Leka Konstantinovic, est un guide exceptionnel dans l’univers du cinéma de la Yougoslavie. Des grands studios Avala de Belgrade, « les seconds en Europe après Cinecitta », aux grandes stars internationales (Orson Welles, Richard Burton, Yul Brynner) invitées par Tito sur l’île de Brioni, tout concourt à construire une histoire légendaire. Des films de partisans au festival de cinéma de Pula, Mila Turajlic réussit à construire, à partir des archives du cinéma yougoslave, « un film sur un pays qui n’existe plus » .
La guerre civile a commencé hier en Ukraine. Une manifestation loin d’être pacifique s’est affrontée aux forces de défense de l’État et aux unités formées par les partisans de l’actuel gouvernement, près du Vekhovna Rada (Parlement). Le 18 février, la police, ainsi que les paramilitaires, ont commis un bain de sang dans les quartiers gouvernementaux au cours duquel de nombreux manifestants ont été tués. Les bouchers des unités spéciales ont battu les détenus. Les députés du Parti des Régions et leurs laquais de la bourgeoisie du Parti ‟Communiste” de l’Ukraine ont fui le Parlement par un tunnel souterrain. Le vote des amendements constitutionnels, destinés à limiter le pouvoir présidentiel, n’a donc pas eu lieu.
Après leur défaite dans les quartiers gouvernementaux, les manifestants se replièrent sur le Maidan [place de l’Indépendance]. À 18 heures, le ministère de l’Intérieur et le Bureau de la sécurité intérieure (SBU) ont lancé un ultimatum aux manifestants, exigeant leur dispersion. A 20h00, les unités de la police spéciale et les forces paramilitaires, équipées de canons à eau et de véhicules blindés, se sont lancées à l’assaut des barricades. Les commandos de la police politique (SBU), ainsi que les troupes pro-gouvernementales ont fait usage de leurs armes à feu. Cependant, les manifestants ont réussi à brûler l’un des véhicules blindés de la police, et il s’est avéré que les forces gouvernementales n’étaient pas les seules en possession d’armes à feu. Selon les données publiées par la police (le 19 février, 16h00), 24 personnes ont été tuées : 14 manifestants et 10 policiers. Trente et un policiers ont été blessés par balle. Même si leur estimation des pertes du côté de la police est exacte, le nombre de victimes parmi les manifestants a été certainement sous-évalué. Les médecins du Maidan citent au moins 30 tués.
Ce qui se passe actuellement à EuroMaidan peut être mis en parallèle avec la présence des milices patriotiques à Occupons Montréal ou la présence de fascistes dans le mvt occupy aux USA. Pour certainEs indignéEs, la cause justifiait l’union avec ces groupes réactionnaires. Pour les gens qui ont une grille d’analyse politique plus élaborée qui exclue cette alliance contre-nature, la réflexion sur la lutte contre l’extrême-droite est de mise. Ce billet fait une courte critique des différentes perspectives de lutte contre l’extrême-droite et termine avec une note constructive sur une initiative inter-syndicale ayant lieu actuellement en France.
Voici un extrait tiré d’un documentaire sur l’anti-sémitisme et les néonazis en Urkaine. Pour les personnes qui suivent de près l’évolution de l’extrême-droite en Europe, rien de particulièrement différent. On voit entre autres sur ces images que les néo-fascistes sont organisés et diffusent activement leurs idées par la distribution de journaux de propagande. Cette vidéo démontre que, malheureusement, les idées et les organisations d’extrême-droites ont pris de l’ampleur.
Les choses changent et l’Ukraine ne fait pas exception à la vague réactionnaire qui déferle actuellement sur l’Europe. Heureusement, il ne s’agit pas d’une fatalité. On peut lutter. En fait, c’est en quelque sorte notre devoir! Mais comment lutter?
Ce deuxième clip montre la présence d’antifascistes en Urkaine. La forte présence des fascistes lors des évènements de ces derniers temps nous pousse à nous demander ce qu’est devenu ce mouvement antifasciste?
Ces images de résistance contre le fascisme semblent malheureusement anecdotiques face à la réalité actuelle en Ukraine. Le mouvement antifasciste a-t-il perdu de son souffle face à l’usure ou face à la répression étatique? Ça serait intéressant d’entendre l’avis de quelques militants antifa urkainiens sur la question…
Comment lutter contre l’extrême-droite
Cette question est l’objet d’un éternel débat dans les milieux d’extrême-gauche. Les stratégies abondent: Front populaire en alliance avec la bourgeoisie? Front uni d’ouvriers révolutionnaires? Groupes entrainés au combat de rue comme dans le film « Antifa chasseur de skin »? Certaines expériences communautaires à Montréal ont même donné lieu à des collaborations avec la police… à quoi bon lutter contre l’extrême-droite si c’est pour aller main dans la mains avec d’autres genres de fascistes? (police et staliniens)
Tandis que le Parti communiste Ukrainien (stalinien) semble appeler à la formation de milices d’unité anti-fasciste et que la contre-culture skin/antifa refait surface, on peut se demander s’il s’agit de la meilleure approche à adopter. Est-ce qu’une avant-garde politique ou militante réussira à combattre la diffusion des idées et organisations de l’extrême-droite dans la population? Peut-être si leurs organisations sont elles aussi petites et isolées, mais du moment qu’il s’agit d’un mouvement social politique, que doit-on faire?
Dans les circonstances grecques, certaines organisations (dont initiative des étudiantEs et travailleurs-travailleuses grecs à Paris) ont souligné que la confrontation directe des « antifas de combat de rue » contre les néonazis manquait de portée politique ce qui condamnait ces initiatives à être réduite aux yeux de la population à « une simple lutte entre extrémistes ». Sans dénigrer ou banaliser les nécessaires et courageuses actions de confrontation faites contre les rassemblements et les membres néonazis, on doit avouer que la lutte de l’avant-garde militante contre le fascisme reste marginalisée pour différentes raisons tandis que l’extrême-droite tend à se populariser dans le discours public et les médias. Il peut être de mise de se poser la question à savoir si l’antifascisme skinhead et/ou les milices antifascistes sont les stratégies les plus appropriées pour lutter contre le fascisme et ses organisations?
Cette question ramène à la problématique de l’action militante. D’une manière réductrice, on pourrait se poser la question: doit-on agir sur la base de sa propre initiative minoritaire d’avant-garde ou militer pour organiser les masses populaires? L’un n’empêche pas l’autre, évidemment. Dans certaines circonstances, une base active radicale et autonome est essentielle pour permettre au mouvement de réagir rapidement. J’ai par contre l’impression que l’organisation de masse manque. Selon moi, les plateformes publiques larges comme Facho-watch semblent un espoir de dé-getthoïsation des luttes anti-fascistes, même si dernièrement on dirait que le site web est moins actif. Par contre, Facho-watch, même s’ils font une bonne activité de dénonciation dans les médias sociaux (et dans les médias de masse à l’occasion), reste encore une initiative (bien que nécessaire) d’une minorité qui se base sur ses propres moyens… trop souvent limités.
Face à cette situation, pourquoi les organisations populaires (syndicales et communautaires) ne prennent-elles pas plus l’initiative de mettre à la disposition de ces minorités militantes des infrastructures matérielles pour élaborer cette lutte au sein des mouvements sociaux actuels? Serait-ce le rôle des militants de se rendre en leur sein pour favoriser cette ouverture?
Voici deux exemples qui rassemblent des masses de gens de différents horizons dans le cadre d’une lutte anti-fasciste. C’est tiré de ce que je connais, donc c’est limité. Si vous en savez plus que moi, allez-y, commentez!
Des rassemblements antifascistes populaires en Allemagne
Il peut être intéressant d’étudier l’organisation qui précède les grands rassemblements de milliers de personnes en Allemagne où des gens de différents horizons viennent confronter plus ou moins directement les néo-nazis dans leur traditionnelle marche de « l’holocauste par les bombes ». L’amer expérience vécue par les habitantEs de l’Allemagne lors du régime Nazi explique probablement en partie la forte mobilisation spontanée. Peut-être aussi que le succès tient de la répétition de cette mobilisation d’année en année. L’effet boule de neige peut ainsi rassembler plus de gens grâce à la couverture médiatique de l’année précédente. Il devient donc facile de mobiliser largement quand une cible est clairement identifiée politiquement et qui se rassemble à une date précise et un endroit précis. Mais ce genre mobilisation de masse devient difficile quand le fascisme est plus diffus au sein de la société et surtout, masqué politiquement derrière des enjeux réactionnaires. C’est pourquoi selon moi la stratégie suivante est plus adaptée.
Alliance syndicale contre l’extrême-droite Sur une base syndicaliste révolutionnaire et libertaire, je pense qu’il peut être intéressant de tourner notre regard vers la coalition intersyndicale contre l’extrême-droite qui se développe présentement en France.
Cliquez sur l’image pour voir les vidéos du rassemblement inter-syndical contre l’extrême-droite du 29 janvier dernier. Le site web du syndicat SOLIDAIRE contient aussi la déclaration de fin de rassemblement: http://www.solidaires.org/article47146.html
Voici le texte tiré du site de la CGT française au sujet de cette coalition en construction: L’extrême droite prospère sur le terrain de la désespérance sociale et des promesses non tenues. Sa progression n’est pourtant pas inéluctable. Il est de la responsabilité du syndicalisme de mettre les salariés en garde contre l’imposture sociale du FN. Il est de la responsabilité du syndicalisme de combattre la stratégie de ceux qui cultivent le rejet de l’autre et la division des salariés, pour mieux cacher leur incapacité à tracer des perspectives d’avenir et de justice sociale.
La CGT, FSU et Solidaires lancent une campagne commune pour combattre les idées d’extrême droite. Première étape : un meeting (avec la participation des premiers responsables de chaque organisation) dans les locaux de la CGT à Montreuil, le 29 janvier prochain à partir de 19h30 au terme d’une journée de débats et de réflexion dans les locaux de la bourse du travail de Paris.
Espérons que cette nouvelle alliance saura donner lieu à une base unitaire syndicale rassemblant une masse de gens plus large, car les minorités militantes trop souvent marginalisées (politiquement et par leur pratique d’avant-garde) ne pourront pas venir à bout du mouvement d’extrême-droite à eux-elles seules.
Cliquez ici pour lire le dépliant syndical Anti-FN
La lutte entre les différents groupes du grand capital – du pouvoir et de «l’opposition» – a conduit à la mise en œuvre des lois scélérates qui ont transformé l’Ukraine en un état policier.
Les forces d’extrême droite de ‘la partie droite de Maydan’, plus contrôlé par «l’opposition», sont allés à attaquer le Conseil des ministres situé à la rue Grushevsky à Kiev.
Cela a entraîné une confrontation brutale avec les forces répressives spéciales de ‘Berkut’, ‘Yaguar’ etc, et il a donné lieu à de nombreuses victimes parmi les manifestants. Les autorités ont franchi la ligne, démontrant la véritable essence de la démocratie bourgeoise. La situation dans la capitale ukrainienne est de plus en plus tendue.
Un anarchiste ukrainien de la Confédération Révolutionnaire des Anarcho-Syndicalistes (CRAS-AIT), réagi à l’incertitude ambiante provenant du fait que une large part des manifestant de la place Maïdan à Kiev sont d’extrême-droite. On voit ici une rune symbolisant la suprématie blanche et le drapeau noir et rouge horizontale de l’Armée insurrectionnelle d’Ukraine branche armée de branche armée de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), qui collabora avec l’occupant allemand pendant la seconde guerre mondiale par antisoviétisme. L’un de ses dirigeants, Stepan Bandera, est régulièrement encensé par le parti d’extrême-droite Svoboda.
La classe des travailleurs est maintenant confrontée à l’éternelle question « que faire » ? Que ce soit pour soutenir l’opposition ou le gouvernement. Aller à « Maydan » ou rester chez soi ? Soutenir « les autres » ou les politiques ou lutter pour le bonheur des travailleurs ?
La caractéristique des émeutes Ukrainiennes est qu’elle est animée par des militants d’extrême-droite. On voit ici des militant du parti Svoboda.
Il n’y a qu’une seule réponse à cette question: commencer par la défense de nos propres intérêts de classe: les intérêts des travailleurs salariés.
Certains se demandent, à juste titre, quel est le problème ? Pourquoi ni le gouvernement ni les entrepreneurs ne s’occupent de l’amélioration de la vie des travailleurs ?
La réponse est que le gouvernement et les propriétaires – bourgeoisie- veulent recevoir d’énormes profits mus par leur avidité, leur cupidité, l’individualisme et de l’égoïsme et de l’exploitation des travailleurs salariés.
Ils veulent dépenser le moins possible tout en voulant engranger le plus possible et par conséquent n’ont aucuns intérêts à vouloir l’amélioration de la vie des travailleurs.
Et parce que ces personnes ne se préoccupent pas de l’amélioration de leurs vies les travailleurs doivent se libérer eux-mêmes.
Comment agir? Tout d’abord s’unir dans les syndicats en lutte (syndicats révolutionnaires) pour la lutte collective et organiser des intérêts de classe. Il est nécessaire d’organiser des grèves pour obtenir l’augmentation de salaire au coût réel de la main-d’œuvre (salaire minimum pas moins de 500 euros par mois), la réduction du temps de travail à 6 heures par jour, le contrôle des travailleurs sur l’entreprise – aller à l’offensive contre le joug du pouvoir et du capital.
Quels seront les effets sur le pays ?
Premièrement, cela permettra de ne pas donner la flamme de l’affrontement entre le pouvoir et l’opposition et permettra aux masses de ne pas être entraînées dans le conflit armé.
Deuxièmement, la lutte pour de meilleures conditions de travail et des salaires plus élevés va augmenter le bien-être humain. Troisièmement, la croissance des salaires va augmenter le pouvoir d’achat des citoyens et ainsi donner un nouvel élan aux producteurs: la production de biens et de services va augmenter, et influencera la modernisation des équipements, outils, machines et autres moyens de production.
Par conséquent, le sort et le bien-être de l’Ukraine est principalement entre les mains des travailleurs qui dépend d’abord de la prise de conscience et la volonté des travailleurs salariés à défendre collectivement leurs intérêts de classe et pas les intérêts de la grande entreprise, des magnats et les politiciens. C’est le vrai moyen de sortir de la crise politique et économique.
Qu’est-ce que le fascisme ? Le contexte social et politique en France et ailleurs exige que la question soit posée, non pour justifier une quelconque ligne politique ou une philosophie, mais pour mieux comprendre les événements actuels et leurs fondements.
Voici un extrait d’une conférence de Larry Portis sur la définition de ce qu’est le fascisme. Larry Portis est l’auteur du livre « Qu’est-ce que le fascisme » aux Éditions Alternative Libertaire, « L’histoire du fascisme aux États-Unis » aux Édition CNT-RP, « IWW: Le syndicalisme révolutionnaire aux États-Unis » aux Éditions Spartacus, « Les classes sociales en France » aux éditions Ouvrières, etc…
Certains mots sont controversés, c’est le cas de « fascisme » et d’« impérialisme » car leur définition implique des enjeux importants dans la perception de la nature de la société. En effet, les idéologues du pouvoir s’attachent à protéger les institutions en vidant les mots et les concepts de leur contenu critique. De ce fait, un phénomène historique comme le fascisme tend à générer plus de confusion que de compréhension à propos d’un système si l’on en croit les médias, les politiques et l’enseignement officiel.
Cette confusion amène, à tort, à qualifier de « fasciste » toute manifestation de force autoritaire ou de brutalité. Il est en effet normal de considérer la violence policière, ou d’État, ou patronale, ou raciste soit comme la facette d’une stratégie de répression soit comme l’expression de l’abêtissement des esprits nourris par la dialectique soumission/domination de tout système hiérarchique.
Cette réaction émotionnelle sert évidemment le système de domination dissimulé par les institutions de représentation « démocratique », car elle détourne l’attention des comportements et de la mentalité des exécutants aux dépens d’une analyse des modalités de contrôle en cours dans les sociétés capitalistes dites « démocratiques ». Le mot et l’idée de « fascisme » dérangent parce qu’ils impliquent la possibilité d’une transformation des systèmes de gouvernance appelés « démocraties politiques » en tyrannies, par leurs contradictions et leurs faiblesses. L’idée que la « démocratie » serait susceptible de dévoiement en « tyrannie » paraît s’apparenter à une vision paranoïaque. Voter aux élections et aux référendums semble battre en brèche l’idée que la démocratie n’existe pas.
Film documentaire de Fabrizio Calvi et Frédéric Laurent réalisé par Jean-Michel Meurice – 1997. Le pouvoir d’état n’est-il pas le premier instigateur du terrorisme qu’il est censé combattre ? C’est la question que pose ce classique du cinéma d’investigation. Sans jamais verser dans la théorie du complot, «L’orchestre noir» mène patiemment son enquête sur les attentats qui ont frappé l’Italie à la fin des années 60 et plus particulièrement sur le massacre de Piazza Fontana, provoqué par l’explosion d’une bombe au siège de la banque de l’agriculture à Milan, qui tue 17 personnes et en blesse 88.
A cette époque, la contestation sociale est à son apogée et l’attentat de Piazza Fontana marque un tournant : en choquant l’opinion publique, il inaugure les «années de plombs» et substitue à la perspective du changement social, la crainte de la violence politique aveugle. L’enquête de police, manipulée par les services secrets italiens, s’oriente rapidement et à tort sur une piste « anarchiste ».
Pourtant, dès le début, les services de renseignements savent que des activistes d’extrême droite sont impliqués dans l’attentat. Et pour cause, depuis plusieurs années déjà, les américains, via la CIA et l’OTAN, s’appuient sur les fascistes italiens pour prévenir la montée du communisme. Ils entretiennent de multiples réseaux occultes, dont le plus célèbre est le réseau paramilitaire « Gladio » qui regroupe des militaires italiens, des politiciens, des membres des services secrets, de la loge P2, de l’OTAN, et du groupe fasciste Ordine Nuovo. Ces réseaux, qui nouent des relations étroites avec les anciens officiers français de l’OAS, infiltrent les groupes gauchistes, mènent des actions violentes et sont tentés par un coup d’état militaire qui porterait à la tête de l’Italie une dictature semblable à celle instaurée avec l’assentiment des États-Unis par les colonels grecs en 1967. Cette tentation se révèle notamment en 1970 dans le coup d’état avorté du « prince noir », Valerio Borghèse, fondateur du « Fronte nazionale ». Mais ces manœuvres secrètes sont compliquées par le trouble jeu de la démocratie chrétienne italienne, qui dans le cadre de la « stratégie de la tension », instrumentalise dangereusement les groupes d’extrême droite pour raffermir son pouvoir, discréditer la gauche et apparaître comme la seule force capable de rétablir l’ordre.
La partition de cet abominable orchestre n’est pas encore totalement déchiffrée, mais son thème principal est aisé à identifier : tuer des innocents pour distiller la peur et anéantir la lutte contre l’exploitation.