Ce qui se passe actuellement à EuroMaidan peut être mis en parallèle avec la présence des milices patriotiques à Occupons Montréal ou la présence de fascistes dans le mvt occupy aux USA. Pour certainEs indignéEs, la cause justifiait l’union avec ces groupes réactionnaires. Pour les gens qui ont une grille d’analyse politique plus élaborée qui exclue cette alliance contre-nature, la réflexion sur la lutte contre l’extrême-droite est de mise. Ce billet fait une courte critique des différentes perspectives de lutte contre l’extrême-droite et termine avec une note constructive sur une initiative inter-syndicale ayant lieu actuellement en France.
Voici un extrait tiré d’un documentaire sur l’anti-sémitisme et les néonazis en Urkaine. Pour les personnes qui suivent de près l’évolution de l’extrême-droite en Europe, rien de particulièrement différent. On voit entre autres sur ces images que les néo-fascistes sont organisés et diffusent activement leurs idées par la distribution de journaux de propagande. Cette vidéo démontre que, malheureusement, les idées et les organisations d’extrême-droites ont pris de l’ampleur.
Les choses changent et l’Ukraine ne fait pas exception à la vague réactionnaire qui déferle actuellement sur l’Europe. Heureusement, il ne s’agit pas d’une fatalité. On peut lutter. En fait, c’est en quelque sorte notre devoir! Mais comment lutter?
Ce deuxième clip montre la présence d’antifascistes en Urkaine. La forte présence des fascistes lors des évènements de ces derniers temps nous pousse à nous demander ce qu’est devenu ce mouvement antifasciste?
Ces images de résistance contre le fascisme semblent malheureusement anecdotiques face à la réalité actuelle en Ukraine. Le mouvement antifasciste a-t-il perdu de son souffle face à l’usure ou face à la répression étatique? Ça serait intéressant d’entendre l’avis de quelques militants antifa urkainiens sur la question…
Comment lutter contre l’extrême-droite
Cette question est l’objet d’un éternel débat dans les milieux d’extrême-gauche. Les stratégies abondent: Front populaire en alliance avec la bourgeoisie? Front uni d’ouvriers révolutionnaires? Groupes entrainés au combat de rue comme dans le film « Antifa chasseur de skin »? Certaines expériences communautaires à Montréal ont même donné lieu à des collaborations avec la police… à quoi bon lutter contre l’extrême-droite si c’est pour aller main dans la mains avec d’autres genres de fascistes? (police et staliniens)
Tandis que le Parti communiste Ukrainien (stalinien) semble appeler à la formation de milices d’unité anti-fasciste et que la contre-culture skin/antifa refait surface, on peut se demander s’il s’agit de la meilleure approche à adopter. Est-ce qu’une avant-garde politique ou militante réussira à combattre la diffusion des idées et organisations de l’extrême-droite dans la population? Peut-être si leurs organisations sont elles aussi petites et isolées, mais du moment qu’il s’agit d’un mouvement social politique, que doit-on faire?
Dans les circonstances grecques, certaines organisations (dont initiative des étudiantEs et travailleurs-travailleuses grecs à Paris) ont souligné que la confrontation directe des « antifas de combat de rue » contre les néonazis manquait de portée politique ce qui condamnait ces initiatives à être réduite aux yeux de la population à « une simple lutte entre extrémistes ». Sans dénigrer ou banaliser les nécessaires et courageuses actions de confrontation faites contre les rassemblements et les membres néonazis, on doit avouer que la lutte de l’avant-garde militante contre le fascisme reste marginalisée pour différentes raisons tandis que l’extrême-droite tend à se populariser dans le discours public et les médias. Il peut être de mise de se poser la question à savoir si l’antifascisme skinhead et/ou les milices antifascistes sont les stratégies les plus appropriées pour lutter contre le fascisme et ses organisations?
Cette question ramène à la problématique de l’action militante. D’une manière réductrice, on pourrait se poser la question: doit-on agir sur la base de sa propre initiative minoritaire d’avant-garde ou militer pour organiser les masses populaires? L’un n’empêche pas l’autre, évidemment. Dans certaines circonstances, une base active radicale et autonome est essentielle pour permettre au mouvement de réagir rapidement. J’ai par contre l’impression que l’organisation de masse manque. Selon moi, les plateformes publiques larges comme Facho-watch semblent un espoir de dé-getthoïsation des luttes anti-fascistes, même si dernièrement on dirait que le site web est moins actif. Par contre, Facho-watch, même s’ils font une bonne activité de dénonciation dans les médias sociaux (et dans les médias de masse à l’occasion), reste encore une initiative (bien que nécessaire) d’une minorité qui se base sur ses propres moyens… trop souvent limités.
Face à cette situation, pourquoi les organisations populaires (syndicales et communautaires) ne prennent-elles pas plus l’initiative de mettre à la disposition de ces minorités militantes des infrastructures matérielles pour élaborer cette lutte au sein des mouvements sociaux actuels? Serait-ce le rôle des militants de se rendre en leur sein pour favoriser cette ouverture?
Voici deux exemples qui rassemblent des masses de gens de différents horizons dans le cadre d’une lutte anti-fasciste. C’est tiré de ce que je connais, donc c’est limité. Si vous en savez plus que moi, allez-y, commentez!
Des rassemblements antifascistes populaires en Allemagne
Il peut être intéressant d’étudier l’organisation qui précède les grands rassemblements de milliers de personnes en Allemagne où des gens de différents horizons viennent confronter plus ou moins directement les néo-nazis dans leur traditionnelle marche de « l’holocauste par les bombes ». L’amer expérience vécue par les habitantEs de l’Allemagne lors du régime Nazi explique probablement en partie la forte mobilisation spontanée. Peut-être aussi que le succès tient de la répétition de cette mobilisation d’année en année. L’effet boule de neige peut ainsi rassembler plus de gens grâce à la couverture médiatique de l’année précédente. Il devient donc facile de mobiliser largement quand une cible est clairement identifiée politiquement et qui se rassemble à une date précise et un endroit précis. Mais ce genre mobilisation de masse devient difficile quand le fascisme est plus diffus au sein de la société et surtout, masqué politiquement derrière des enjeux réactionnaires. C’est pourquoi selon moi la stratégie suivante est plus adaptée.
Alliance syndicale contre l’extrême-droite
Sur une base syndicaliste révolutionnaire et libertaire, je pense qu’il peut être intéressant de tourner notre regard vers la coalition intersyndicale contre l’extrême-droite qui se développe présentement en France.

Cliquez sur l’image pour voir les vidéos du rassemblement inter-syndical contre l’extrême-droite du 29 janvier dernier. Le site web du syndicat SOLIDAIRE contient aussi la déclaration de fin de rassemblement: http://www.solidaires.org/article47146.html
Voici le texte tiré du site de la CGT française au sujet de cette coalition en construction: L’extrême droite prospère sur le terrain de la désespérance sociale et des promesses non tenues. Sa progression n’est pourtant pas inéluctable. Il est de la responsabilité du syndicalisme de mettre les salariés en garde contre l’imposture sociale du FN. Il est de la responsabilité du syndicalisme de combattre la stratégie de ceux qui cultivent le rejet de l’autre et la division des salariés, pour mieux cacher leur incapacité à tracer des perspectives d’avenir et de justice sociale.
La CGT, FSU et Solidaires lancent une campagne commune pour combattre les idées d’extrême droite. Première étape : un meeting (avec la participation des premiers responsables de chaque organisation) dans les locaux de la CGT à Montreuil, le 29 janvier prochain à partir de 19h30 au terme d’une journée de débats et de réflexion dans les locaux de la bourse du travail de Paris.
Espérons que cette nouvelle alliance saura donner lieu à une base unitaire syndicale rassemblant une masse de gens plus large, car les minorités militantes trop souvent marginalisées (politiquement et par leur pratique d’avant-garde) ne pourront pas venir à bout du mouvement d’extrême-droite à eux-elles seules.
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