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Sommaire:
Qu’est-ce que l’anarchisme? …………………………..p. 4
La spécificité de la doctrine anarchiste …………………p. 6
L’action anarchiste ………………………………………………….p. 9
L’anarchisme d’hier et d’aujourd’hui …………………….p. 11
Le monde d’aujourd’hui: tourmente et bilan ….p. 15
Unité mondiale au goût de misère et aux
couleurs de supermarché ………………………………….p. 15
Un monde dévasté. L’échec du capitalisme …………..p. 17
La science qui libère… et qui asservit ……………………p. 19
Peurs, médias et trahison des clercs ……………………..p. 20
Que faire? ……………………………………………………..p. 22
L’avenir de l’humanité est en dehors de l’État ……..p. 24
À tous et à toutes! ……………………………………………………p. 26
L’Éditeur p. 30
Rapidement, cette brochure m’a agréablement surpris par sa légèreté et son côté synthétique, surtout la première partie qui m’a semblé très juste. La deuxième et la troisième partie semblent être une volonté de mettre à jour l’anarchisme, mais sincèrement, c’est trop peu trop vite pour faire le tour. Le texte dit bien d’ailleurs que ce format n’est pas idéal pour soulever la question.
Sur le fond de la première partie, je trouve intéressant d’aborder deux points.
Premièrement, l’idée du refus de la dictature par les anarchistes me semble être l’objet d’un amalgame avec l’idée marxiste de la dictature du « parti/état-prolétarien » sur le prolétariat. Selon moi, le manque de réflexion des anarchistes sur la nature de la dictature dans le processus révolutionnaire anarchiste explique ce qui a mené la CNT espagnole à collaborer avec les bourgeois en 1936-1937. Comme le témoigne l’anarchiste espagnol Pablo Ruiz, dans un livre sur les Amis de Durruti :
« Nous ne sommes partisans d’aucune dictature, quelle que soit sa couleur, c’est pour cette raison que nous ne voulûmes pas nous lancer dans cette aventure (la prise du pouvoir) sans disposer du consensus de la base. À partir de ce moment, nous nous sommes dispersés, avec chagrin, chacun chez soi » (p. 83).
pour compléter sur les conséquences de cette stratégie, il ajoute:
« On a collaboré avec la bourgeoisie dans les sphères étatiques au moment même où l’État était écartelé. On a renforcé Companys et sa suite. On a injecté un ballon d’oxygène à la bourgeoisie anémique et apeurée »
Ce concept de « dictature », peut donc être utilisé par les anarchistes à leur avantage afin de mettre en évidence leur capacité révolutionnaire. Ce faisant, on évite de tomber dans un front antifasciste avec la bourgeoisie. Je trouve donc que pour mener à bien un projet social anarchiste révolutionnaire, il convient de « prendre le pouvoir » (ou plutôt prendre les devants pour l’abolir) pour concrétiser notre projet de société.
En deuxième lieu, il y a une phrase que je trouve fort intéressante:
«L’action syndicale n’est pas toutefois le seul moyen de lutte dont disposent les producteurs, qui peuvent et doivent selon les circonstances se doter des formes d’organisation et de résistance qui leur paraissent les plus opportunes.»
Je comprends ici qu’il s’agit de faire valoir que l’anarchisme ne se retreint pas à la lutte syndicale. Dans ce sens, Rudolf Rocker témoignait lui-même qu’après la 2e guerre mondiale certains anarchistes pensaient qu’il serait judicieux de laisser tomber le mouvement syndical afin de construire un mouvement basé sur les communautés car toute l’Europe était détruite. En tant qu’anarcho-syndicaliste, je reste par contre convaincu que les organes de la classe ouvrière demeurent les véhicules pour les luttes à mener par les anarchistes. Ainsi la phrase citée plus haut pourrait à mon sens se compléter ainsi:
Même si les luttes de la classe ouvrière ne se cantonnent pas au lieu de travail, son organe de lutte – ou autrement dit son syndicat anarcho-syndicaliste – demeure le meilleur véhicule pour tisser la solidarité à travers une variété de fronts.
À défaut de maintenir un organe de classe qui coalise les luttes anarchistes, on risque de tomber dans la création de multiples groupes à cause spécialisée. Dans cette situation, les militant-e-s anarchistes doivent choisir leur lutte « prioritaire », à défaut de pouvoir s’impliquer dans toutes pour être conséquent avec la volonté anarchiste d’en finir avec toutes les oppressions. C’est aussi ce que disait Emile Lopez Arango dans un texte sur la FORA (organisation anarchiste ouvrière en Argentine):
«Ce que nous combattons, en tant que déviation de la doctrine révolutionnaire, ce sont les dérives d’un certain anarchisme qui isole tel ou tel facteur, en ignorant que ce facteur se rattache à un phénomène social unique»
Pour terminer, j’ai scanné cette brochure principalement pour la première partie. À vous de juger si elle vaut la peine d’être diffusée plus largement!
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